Les Baux-de-Provence, exit la Cathédrale d'images bonjour les Carrières de lumière


Val d'Enfer, septembre 1959, Jean Cocteau choisit les anciennes carrières des Baux pour tourner son dernier film, Le Testament d'Orphée, dans ce qu'il nomme "le tombeau d'Agamenon". 1975, Albert Plécy, journaliste, peintre, photographe passionné par l'image tombe en admiration devant ces trous immenses formés par les carriers aux cours des siècles, il y voit des salles dont les murs de 8 mètres sont à même d'accueillir des projections d'images. La Cathédrale d'images est née. Pendant 35 ans, elle nous offrira des spectacles magiques dont Michel-Ange à la Sixtine (1996), Fresques (2001), de Bosch à Brueghel (2003), Alexandrie (2005), Couleur Cézanne (2006), Venise (2007), Picasso (2009), spectacles réalisés par Gianfranco Iannuzzi dorénavant associé à la mémoire de la cathédrale d'images. 2012, Culture Espaces qui gère depuis 1993 le château des Baux, prend en charge pour le compte de la municipalité, la gestion de ce lieu qui change de nom et devient Les Carrières de lumière, nom à notre sens plus approprié en effet. Et c'est avec un spectacle consacré à Gauguin et Van Gogh, "les peintres de la couleur" qu'elle inaugure sa prise de fonction, spectacle créé par le même Gianfranco Ianuzzi et ses collaborateurs Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. 
La superficie de projection est augmentée, de nouveaux moyens techniques ont été utilisés pour mettre en valeur ce spectacle visuel, porté par la musique et qui s'affranchit donc des barrières de la langue. Il évoque en 35 mn les parcours de ces deux artistes, parcours qui se croisent un court moment à Arles, à quelques kilomètres de là.  Pourtant, ce spectacle prometteur reste décevant. On n'y retrouve pas l'émotion des précédents ni le rythme qui abolissait la notion de temps ( on pense à Picasso, par exemple). Quant aux couleurs, elles sont fades, bien en deçà des images alléchantes présentent sur le documents de communication et les projections sont un peu floues. Un simple problème technique qui sera corrigé ? 
Nous sommes beaucoup plus enthousiastes en ce qui concerne l'autre spectacle de Gianfranco Iannuzzi, Métamorphoses, qui ne dure malheureusement que 5 mn. Mettant en scène les quatre éléments, on passe successivement de la frayeur, à l'admiration et à un sentiment de paix. 
Alors que s'est-il passé ? les moyens techniques sont plus performants, les moyens financiers sont en hausses, les contraintes et les possibilités du lieu sont identifiées, mais il semblerait que le concepteur ait été contraint et que par-là même il ait perdu son enthousiasme, sa passion, éléments moteurs de son talent et de sa créativité. 
Il est dommage que Culture Espaces ne se soit pas fait le cadeau, et du coup à nous aussi, de laisser l'artiste s'exprimer librement. Quand on fait appel à lui, qui plus est pour une production qui financièrement a un coût, avec une attente de retour sur investissement, on fait confiance à l'artiste. C'est une marque de respect.

Olivia Gazzano 

Carrières de Lumières, les Baux-de-Provence. Ouvert tous les jours, jusqu'au 6 janvier 2013. Avril à septembre : de 10h à 19h. Trois spectacles : "Gauguin, Van Gogh, les peintres de la couleur", "Métamorphoses" et la mise en lumière des carrières (5mn), avec la projection d'un extrait du Testament d'Orphée dans la salle Cocteau. Entrée : 8,50€ et 6,50€. Prévoir des chaussures plates et fermées, le sol est inégal et il y a la poussière de pierre, ainsi qu'une petite laine, même en été.

Gordes, Ménerbes, hommage à Jean Deyrolle


Le Paris de l’après-guerre et des années cinquante est encore synonyme de capitale des arts. Les grands noms de l’art moderne donnent leurs derniers chefs-d’oeuvres et ceux de l’art contemporain commencent à émerger.
Deyrolle a 35 ans lorqu’il reçoit le prix Kandinsky en 1946. La toute nouvelle galerie Denise René parachève sa consécration.
En 1947, il découvre Gordes, tombe sous le charme du paysage et de la lumière et investit une ruine du quartier Fontaine Basse, tout comme Vasarely, Willy Ronis, André Lhote ...
Organisée à l’occasion du centième anniversaire de l’artiste (1911-1967), l’exposition de l’Espace Simiane à Gordes met l’accent sur les peintures abstraites réalisées à partir des années cinquante et sur celles peintes dans le village dès 1960 et jusqu’à sa mort.
La galerie Pascal Lainé présente quant à elle des peintures, des œuvres sur papier, une tapisserie (Sénanque) et des lithographies de la période gordienne, soit de 1947 à 1967.

Olivia Gazzano

Jean Deyrolle, Gordes, Espace Simiane, jusqu’au 18 septembre, ouvert tous les jours de 14h à 18h. Entrée 4 euros, gratuit pour les -16 ans. Renseignement 04 90 72 98 64. Catalogue.
Galerie Pascal Lainé, rue Sainte-Barbe, Ménerbes, Hommage à Jean Deyrolle, du 9 au 27 juillet. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h30-12h30 et de 15h30-19h30. tél. +33 (0)6 61 89 74 12.
www.galerie-pascal-laine.com Visuel : Lonu, tempera sur toile, 1951, Paris. Galerie Pascal Lainé.

Paru dans Prosper, le Magazine culturel, Vaucluse, Avignon, Drôme provençale, Alpilles. N° 26, juillet, août, septembre 2011.